EXTRAIT DU RAPPORT MORAL
ET FINANCIER DU PROJET CIVD AU TOGO

 

 

BOUILLON DE CULTURES A AKOUMAPE
du 02 au 30 juillet 2008


Comme prévu nous sommes 8 étudiants français, dont 6 de l’université Paris8, à nous être rendus à Akoumapé au Togo, du 02 au 30 juillet en vue de mettre en place une bibliothèque, d’animer des ateliers interculturels, et surtout à être allés à la rencontre d’une population. Nous étions au total 12 personnes à partager le quotidien pendant 28 jours : les 8 venus de France et 4 autres de Lomé, la capitale.


Voici la liste du groupe de Français, membres du CIVD, de l’université PARIS 8

KHELIFI, YASMINA, Etudiante en psychologie
TOMASSI, SANDRA, Etudiante en Arts Plastiques
MOSCARA, SONIA, Etudiante en phycho
LAURENS, NOEMIE, Etudiante en communication
VANDENDRIESSCHE, JUSTINE, Etudiante Arts plastiques
AKAKPO-GUETOU, OLIVIER, Etudiant en Sciences de l’Education
NICOLAS- LABEGA, DEBORAH, Etudiante action sociale à Montpellier
GUILLEN, EDELIA, Etudiante en Architecture à Marseille

Se sont joints au groupe de Français, les Togolais dont voici la liste

DJODJI, MARCEL, Etudiant en Géographie à Lomé
GAMELI, KOFFI, Professeur de Français dans un collège de Lomé
AYASSOR, ABEL, Graphiste à Lomé
AKAKPO-GUETOU, DIDIER, Elève au lycée (première) à Lomé

 

LE DEROULEMENT DU PROJET


Nous arrivons à Lomé dans la nuit du 2 juillet vers 3h du matin, après un long voyage Paris-Casablanca-Lomé (Royal Air Maroc). Le lendemain a été pour la plupart d’entre nous un jour de repos, de prise de marque, de découverte du quartier où nous logions. Ce même jour, Olivier s’est rendu de nouveau à l’aéroport pour accueillir la présidente d’honneur du CIVD, Annie COUEDEL, et Bernard NICOLAS, architecte à Paris, tous deux venus nous soutenir.
Le deuxième jour a été dense en activités puisque nous sommes allés :
 - à l’Ambassade de France à Lomé, pour faire part de notre présence, et de notre projet
 - récupérer nos cartons de livres, arrivés la veille par fret aérien,
 - aller à la banque pour échanger nos euros en francs CFA
 - faire quelques achats pour Akoumapé.

Sans trop traîner, et pressés d’aller « chez nous » à Akoumapé, nous quittons Lomé le troisième jour, c’est-à-dire le 5 juillet 2008, dans un convoi de trois voitures :
  - un minibus est chargé de cartons de livres et de quelques sacs
  - un autre, nous transporte
  - une voiture personnelle d’un membre du Comité Villageois de Développement d’Akoumapé, qui comme pour la plupart, est domicilié à Lomé. Commandant de l’armée de l’air du Togo, il nous a été d’une assistance sans faille lors de nos démarches pour récupérer les livres à l’aéroport.
Après une heure de trajet, nous arrivons sereins à Akoumapé ; nous découvrons, avec déception et joie à la fois, la maison qui va nous abriter : déception parce que nous nous attendions à une maison traditionnelle, en banco (en terre), couverte de paille, avec des toilettes d’une autre époque. Il n’en est rien de tout cela ; notre maison est une construction moderne, électrifiée, bien équipée, des sanitaires comme nous les avons en Europe, bref c’est une belle surprise somme toute.
Rapidement nous recevons le Comité du Village : séance de présentation, prise de contact. Ils nous demandent de nous sentir à l’aise, comme si nous étions chez nous.
Akoumapé est un village administré par trois chefs traditionnels. La coutume veut que chaque étranger, à son arrivée dans le village, aille se présenter à eux, avant toute activité.
Nous nous rendons le jour même, accompagnés des membres du Comité, chez deux chefs, et le deuxième jour chez le troisième. Au programme, à chaque fois : salutations d’usage, présentation, séance de questions-réponses, dégustations de l’alcool local, et aussi remise d’une bouteille de liqueur au chef en guise de cadeau du groupe de Français, selon l’usage.

 

Tout au long de notre séjour, nos activités ont porté sur trois principaux champs d’action à savoir :
la réhabilitation du local devant abriter la bibliothèque
simultanément, enregistrement, étiquetage, classification des ouvrages
et enfin quatre après-midis par semaine, animation des ateliers interculturels et sportifs

 

1) REHABILITATION DU LOCAL

Nous avons hérité d’un local vétuste, de 60m2, anciennement dispensaire du village ; il a été mis à notre disposition par le comité du village et les chefs ; il nous revenait de tout rénover : le toit, les murs, les portes et fenêtres, les étagères, mais aussi les alentours du local, en vue de constituer un cadre agréable pour la lecture, et donner un abri viable aux ouvrages.
Grâce aux aides financières de nos partenaires en France (cf. rapport financier). Nous avons pu payer les travaux de rénovation du local. Le bâtiment a été remis en état en 22 jours seulement (il faut avouer qu’il y avait du travail !).
Olivier AKAKPO-GUETOU, natif du Togo, a servi de lien entre le groupe et les artisans (maçons, peintres, menuisiers, électriciens, …). Les artisans nous ont été présentés par les membres du Comité du village ; ensemble nous avons établi le devis de chaque corps d’état.
Nous avons négocié le coût de la main d’œuvre auprès des artisans en vue de rester dans le budget et surtout ne pas nous retrouver dépourvus de moyens financiers au beau milieu du projet. Cela a donc été un jeu d’équilibrisme énorme qui nous a beaucoup formés.
L’activité la plus délicate a été le changement de la toiture ; délicate pour les artisans, délicate pour nous aussi. On a dû aller à la capitale pour commander une tôle particulière (« bac alu ») qui est une des plus résistantes.
Il faut noter l’aide de l’architecte Bernard NICOLAS, grand supporter du CIVD, qui, au début des travaux, a fait des calculs, donné son point de vue architectural, ce qui a véritablement permis de lancer les travaux,
Sur le chantier s’est également investie Edelia GUILLEN, étudiante en architecture, qui a fait les plans du bâtiment et des étagères, aidée par Olivier et Bernard.
Il faut aussi signaler l’électrification du local que nous n’avions pas prévu au départ, mais qui nous a semblé nécessaire une fois sur place. Imaginez donc la gymnastique financière pour y parvenir.

Vers la fin, toute notre équipe a, pendant deux jours, retroussé ses manches, pour creuser des rigoles aux alentours du local en vue de permettre un écoulement facile de l’eau de ruissellement (il y a eu des problèmes d’inondation dans le passé), aménager l’intérieur, installer les ouvrages et, devant la bibliothèque, planter un arbre, de concert avec le Comité du village

2) ENREGISTREMENT DES OUVRAGES

A ce jour nous dénombrons près de 1400 ouvrages dans la bibliothèque d’Akoumapé ; nous avons réussi à acheminer 1000 ouvrages par fret aérien, ce qui nous est revenu très cher, et nous a limité de ce fait dans nos ambitions en terme de quantité de livres ; nous n’avons pas eu les fonds à temps pour les faire partir pas la voie maritime ; 400 ouvrages ont pu être récupérés du stock de livres de l’ancienne bibliothèque d’Akoumapé. On peut donc y trouver :

- 70 volumes d’encyclopédies
- 200 dictionnaires et documentaires
- 350 manuels scolaires (collèges et lycées)
- 500 romans pour jeunes et adultes
- 230 bandes dessinés
- 20 magazines
- et quelques autres ouvrages variés

Ce « travail de fourmi » a été effectué par une partie de l’équipe, à chaque moment de notre séjour à Akoumapé. A l’exception de deux week-ends, il a fallu déballer les cartons, classer les livres par genre littéraire, ensuite les étiqueter, enregistrer dans le grand registre qui devait servir aux bibliothécaires. Les matinées ont donc été consacrées à cette activité et les après-midis aux ateliers. Rappelons tout de même que, pressés par le temps nous avons dû consacrer quelques soirées, après le dîner, au même genre d’activités.

3) ANIMATION DES ATELIERS

Les après-midis, nous retrouvions les jeunes d’Akoumapé dans les ateliers mis en place par notre équipe : sport (volley-ball), arts plastiques (dessin et peinture) et enfin théâtre ;
Nous nous sommes répartis de la manière suivante :
Sur l’atelier Arts plastiques, Sandra, Justine et Abel ont travaillé ensemble pour partager des moments d’échange autour du dessin, de la peinture, de la création artistique, avec une vingtaine de jeunes d’Akoumapé ; leur âge variait de 10 à 17 ans.
A la fin du séjour, ils ont fait des dessins sur une toile qui a été accrochée au mur à l’intérieur de la bibliothèque. Cette toile a aussi servi de décor pour le groupe de théâtre.
En sport, on pouvait noter la participation de Yasmina, Sonia, Edelia, Marcel, Koffi et Olivier. Au départ cela a donné lieu à une animation, où plus d’une centaine d’enfants venaient. On a été obligé de trouver des jeux pour les occuper ; petit à petit un groupe d’une trentaine de jeunes s’est constitué en vue de l’apprentissage du volley-ball.
Vers la fin du séjour quelques-uns étaient capables de taper convenablement dans un ballon de volley, et de comprendre les règles du jeu. Le côté échange a toujours été présent dans nos ateliers ; le groupe Sport s’est réduit vers la fin, car il y avait des urgences au niveau de l’étiquetage des ouvrages et du chantier de rénovation du local.
Concernant le théâtre, les choses ont été plus cadrées dès le départ car il fallait inventer tout de suite une histoire qui pourrait être jouée le dernier jour devant le village. Un groupe de 12 jeunes a travaillé de bout en bout avec Noémie, Didier, et surtout Déborah, pour parvenir à une pièce théâtrale ; celle-ci a été jouée le jour de l’inauguration de la bibliothèque ; le thème a tourné autour des rapports avec l’école, de l’importance d’une bibliothèque ; franchement on pourrait parler de talents inexploités de certains jeunes qui ont fait beaucoup rire l’assistance ce jour-là.

QUELQUES ANECDOTES

Il faut signaler que la vie en groupe pendant un mois est une expérience humainement riche avec des moments d’harmonie, mais aussi des moments de tensions ; nous nous retrouvions tous les soirs pour faire le bilan de la journée et programmer les journées suivantes ; nous décidions tous ensemble ; il faut avouer que parfois la tension montait entre nous autour de sujets comme la couleur à donner à la bibliothèque, la gestion des activités quotidiennes, …
En guise d’exemple, nous nous sommes organisés en sous-groupes pour gérer le quotidien, il y avait des sous-groupes de ménage, de vaisselle et de cuisine, plus les activités proprement dites. Et quand un sous-groupe n’avait pas fonctionné normalement, cela pouvait perturber l’ambiance. La fatigue y était souvent pour quelque chose.
Notons que nous avons reçu une visite surprise d’une délégation de FONJEP, le 23 juillet 2008, à Akoumapé, contre toute attente ; nous ne savions pas ce qu’ils pensaient de notre projet à ce moment là. Toujours est-il que nous en étions déjà à une étape assez avancée du projet.
Ce jour-là un jeune français prénommé Julien, nous a rejoints à Akoumapé, après une semaine, à la suite d’une visite que nous avions effectuée dans une association togolaise dans une banlieue de la capitale. Julien nous a expliqué qu’il s’ennuyait dans son association. Il avait prévu de passer seulement quelques jours avec nous, mais il a fini par s’installer chez nous. Il nous a fallu gérer cette situation avec beaucoup de diplomatie pour ne pas nos mettre à dos l’association togolaise. La présence de Julien a tout de même contribué à apporter au groupe une ambiance sympathique.
Après une semaine à Akoumapé, notre chère Noémie LAURENS est tombée malade du paludisme ; on a eu peur, vraiment peur. Heureusement l’infirmier du dispensaire d’Akoumapé l’a aidée à vaincre le mal. Il y a eu des vomissements, des coups de cafard. Vu comment nous étions piqués par les moustiques, on se demandait à qui serait le prochain tour.

LES DISPOSITIONS PRISES

Pour que notre action à Akoumapé perdure, nous avons mis en place un certain nombre de garde-fous. :
  – Deux bibliothécaires gèrent actuellement la bibliothèque, ils ont la soixantaine, instituteurs à la retraite, et ouvrent la bibliothèque au public trois fois par semaine. Ils seront assistés par la DLP, Direction de la Lecture Publique, une structure de l’Alliance Française qui aide les petites bibliothèques rurales ; nous avons signé un contrat avec cette structure qui formera périodiquement les bibliothécaires.
  – Il est prévu des cartes de lecteur que chaque personne voulant emprunter des livres, doit posséder, contre une modique somme.
  – La lecture, la consultation des ouvrages sur place est gratuite,
Le Comité de village veillera à ce qu’il n’y ait pas de vacance de poste
Nous avons beaucoup travaillé avec les chefs d’établissement scolaire, notamment le Directeur de Collège Public, qui nous a promis un travail pédagogique auprès de ses élèves pour les inviter à se servir de la bibliothèque et à en prendre grand soin.

RETOUR EN FRANCE

Depuis notre retour en France, nous avons déjà fait deux réunions pour préparer une exposition photo à la bibliothèque de l’Université-Paris8 en janvier, nous comptons envoyer régulièrement des livres à Akoumapé chaque fois qu’il y a un départ d’amis pour Lomé et nous restons disponibles pour participer aux manifestations culturelles, organisées par nos partenaires.
Le CIVD fête ses 25 ans en 2009. A cet effet, un festival s’organise en mai 2009, festival au cours duquel notre projet à Akoumapé prendra une part importante. Vu la relation particulière établie avec ce village nous prévoyons un nouveau voyage à Akoumapé en juin prochain avec des livres et surtout des ordinateurs pour faire de l’initiation informatique dans les collèges et le lycée, et bien entendu, mener des activités autour du livre.

L’expérience humaine et interculturelle, la rencontre avec un village lointain, nous ont mis en situation de prendre conscience de certaines réalités que nous ignorions et de créer des liens indélébiles avec des membres de la communauté villageoise.

Paris le 12 octobre 2008,
Olivier AKAKPO GUETOU