LE
DEROULEMENT DU PROJET
Nous arrivons à Lomé dans la nuit du 2 juillet vers 3h du
matin, après un long voyage Paris-Casablanca-Lomé (Royal Air
Maroc). Le lendemain a été pour la plupart d’entre nous un
jour de repos, de prise de marque, de découverte du quartier où
nous logions. Ce même jour, Olivier s’est rendu de nouveau à
l’aéroport pour accueillir la présidente d’honneur du CIVD,
Annie COUEDEL, et Bernard NICOLAS, architecte à Paris, tous deux
venus nous soutenir.
Le deuxième jour a été dense en activités puisque
nous sommes allés :
- à l’Ambassade de France à Lomé, pour faire
part de notre présence, et de notre projet
- récupérer nos cartons de livres, arrivés la
veille par fret aérien,
- aller à la banque pour échanger nos euros en francs
CFA
- faire quelques achats pour Akoumapé.
Sans trop traîner,
et pressés d’aller « chez nous » à Akoumapé,
nous quittons Lomé le troisième jour, c’est-à-dire
le 5 juillet 2008, dans un convoi de trois voitures :
- un minibus est chargé de cartons de livres et de quelques
sacs
- un autre, nous transporte
- une voiture personnelle d’un membre du Comité Villageois
de Développement d’Akoumapé, qui comme pour la plupart, est
domicilié à Lomé. Commandant de l’armée de l’air
du Togo, il nous a été d’une assistance sans faille lors de
nos démarches pour récupérer les livres à l’aéroport.
Après une heure de trajet, nous arrivons sereins à Akoumapé ;
nous découvrons, avec déception et joie à la fois,
la maison qui va nous abriter : déception parce que nous nous
attendions à une maison traditionnelle, en banco (en terre), couverte
de paille, avec des toilettes d’une autre époque. Il n’en est rien
de tout cela ; notre maison est une construction moderne, électrifiée,
bien équipée, des sanitaires comme nous les avons en Europe,
bref c’est une belle surprise somme toute.
Rapidement nous recevons le Comité du Village : séance
de présentation, prise de contact. Ils nous demandent de nous sentir
à l’aise, comme si nous étions chez nous.
Akoumapé est un village administré par trois chefs traditionnels.
La coutume veut que chaque étranger, à son arrivée
dans le village, aille se présenter à eux, avant toute activité.
Nous nous rendons le jour même, accompagnés des membres du
Comité, chez deux chefs, et le deuxième jour chez le troisième.
Au programme, à chaque fois : salutations d’usage, présentation,
séance de questions-réponses, dégustations de l’alcool
local, et aussi remise d’une bouteille de liqueur au chef en guise de cadeau
du groupe de Français, selon l’usage.
Tout au long de notre
séjour, nos activités ont porté sur trois principaux
champs d’action à savoir :
la réhabilitation du local devant abriter la bibliothèque
simultanément, enregistrement, étiquetage, classification
des ouvrages
et enfin quatre après-midis par semaine, animation des ateliers interculturels
et sportifs
1) REHABILITATION
DU LOCAL
Nous avons hérité
d’un local vétuste, de 60m2, anciennement dispensaire du village ;
il a été mis à notre disposition par le comité
du village et les chefs ; il nous revenait de tout rénover :
le toit, les murs, les portes et fenêtres, les étagères,
mais aussi les alentours du local, en vue de constituer un cadre agréable
pour la lecture, et donner un abri viable aux ouvrages.
Grâce aux aides financières de nos partenaires en France (cf.
rapport financier). Nous avons pu payer les travaux de rénovation
du local. Le bâtiment a été remis en état en
22 jours seulement (il faut avouer qu’il y avait du travail !).
Olivier AKAKPO-GUETOU, natif du Togo, a servi de lien entre le groupe et
les artisans (maçons, peintres, menuisiers, électriciens,
…). Les artisans nous ont été présentés par
les membres du Comité du village ; ensemble nous avons établi
le devis de chaque corps d’état.
Nous avons négocié le coût de la main d’œuvre auprès
des artisans en vue de rester dans le budget et surtout ne pas nous retrouver
dépourvus de moyens financiers au beau milieu du projet. Cela a donc
été un jeu d’équilibrisme énorme qui nous a
beaucoup formés.
L’activité la plus délicate a été le changement
de la toiture ; délicate pour les artisans, délicate
pour nous aussi. On a dû aller à la capitale pour commander
une tôle particulière (« bac alu ») qui
est une des plus résistantes.
Il faut noter l’aide de l’architecte Bernard NICOLAS, grand supporter du
CIVD, qui, au début des travaux, a fait des calculs, donné
son point de vue architectural, ce qui a véritablement permis de
lancer les travaux,
Sur le chantier s’est également investie Edelia GUILLEN, étudiante
en architecture, qui a fait les plans du bâtiment et des étagères,
aidée par Olivier et Bernard.
Il faut aussi signaler l’électrification du local que nous n’avions
pas prévu au départ, mais qui nous a semblé nécessaire
une fois sur place. Imaginez donc la gymnastique financière pour
y parvenir.
Vers la fin, toute
notre équipe a, pendant deux jours, retroussé ses manches,
pour creuser des rigoles aux alentours du local en vue de permettre
un écoulement facile de l’eau de ruissellement (il y a eu des problèmes
d’inondation dans le passé), aménager l’intérieur,
installer les ouvrages et, devant la bibliothèque, planter un arbre,
de concert avec le Comité du village
2) ENREGISTREMENT
DES OUVRAGES
A ce jour nous dénombrons
près de 1400 ouvrages dans la bibliothèque d’Akoumapé ;
nous avons réussi à acheminer 1000 ouvrages par fret aérien,
ce qui nous est revenu très cher, et nous a limité de ce fait
dans nos ambitions en terme de quantité de livres ; nous n’avons
pas eu les fonds à temps pour les faire partir pas la voie maritime ;
400 ouvrages ont pu être récupérés du stock de
livres de l’ancienne bibliothèque d’Akoumapé. On
peut donc y trouver :
- 70 volumes d’encyclopédies
- 200 dictionnaires et documentaires
- 350 manuels scolaires (collèges et lycées)
- 500 romans pour jeunes et adultes
- 230 bandes dessinés
- 20 magazines
- et quelques autres ouvrages variés
Ce « travail
de fourmi » a été effectué par une partie
de l’équipe, à chaque moment de notre séjour à
Akoumapé. A l’exception de deux week-ends, il a fallu déballer
les cartons, classer les livres par genre littéraire, ensuite les
étiqueter, enregistrer dans le grand registre qui devait servir aux
bibliothécaires. Les matinées ont donc été consacrées
à cette activité et les après-midis aux ateliers. Rappelons
tout de même que, pressés par le temps nous avons dû
consacrer quelques soirées, après le dîner, au même
genre d’activités.
3) ANIMATION
DES ATELIERS
Les après-midis,
nous retrouvions les jeunes d’Akoumapé dans les ateliers mis en place
par notre équipe : sport (volley-ball), arts plastiques (dessin
et peinture) et enfin théâtre ;
Nous nous sommes répartis de la manière suivante :
Sur l’atelier Arts plastiques, Sandra, Justine et Abel ont travaillé
ensemble pour partager des moments d’échange autour du dessin, de
la peinture, de la création artistique, avec une vingtaine de jeunes
d’Akoumapé ; leur âge variait de 10 à 17 ans.
A la fin du séjour, ils ont fait des dessins sur une toile qui a
été accrochée au mur à l’intérieur de
la bibliothèque. Cette toile a aussi servi de décor pour le
groupe de théâtre.
En sport, on pouvait noter la participation de Yasmina, Sonia, Edelia, Marcel,
Koffi et Olivier. Au départ cela a donné lieu à une
animation, où plus d’une centaine d’enfants venaient. On a été
obligé de trouver des jeux pour les occuper ; petit à
petit un groupe d’une trentaine de jeunes s’est constitué en vue
de l’apprentissage du volley-ball.
Vers la fin du séjour quelques-uns étaient capables de taper
convenablement dans un ballon de volley, et de comprendre les règles
du jeu. Le côté échange a toujours été
présent dans nos ateliers ; le groupe Sport s’est réduit
vers la fin, car il y avait des urgences au niveau de l’étiquetage
des ouvrages et du chantier de rénovation du local.
Concernant le théâtre, les choses ont été plus
cadrées dès le départ car il fallait inventer tout
de suite une histoire qui pourrait être jouée le dernier jour
devant le village. Un groupe de 12 jeunes a travaillé de bout en
bout avec Noémie, Didier, et surtout Déborah, pour parvenir
à une pièce théâtrale ; celle-ci a été
jouée le jour de l’inauguration de la bibliothèque ;
le thème a tourné autour des rapports avec l’école,
de l’importance d’une bibliothèque ; franchement on pourrait
parler de talents inexploités de certains jeunes qui ont fait beaucoup
rire l’assistance ce jour-là.
QUELQUES ANECDOTES
Il faut signaler que
la vie en groupe pendant un mois est une expérience humainement riche
avec des moments d’harmonie, mais aussi des moments de tensions ; nous
nous retrouvions tous les soirs pour faire le bilan de la journée
et programmer les journées suivantes ; nous décidions
tous ensemble ; il faut avouer que parfois la tension montait entre
nous autour de sujets comme la couleur à donner à la bibliothèque,
la gestion des activités quotidiennes, …
En guise d’exemple, nous nous sommes organisés en sous-groupes pour
gérer le quotidien, il y avait des sous-groupes de ménage,
de vaisselle et de cuisine, plus les activités proprement dites.
Et quand un sous-groupe n’avait pas fonctionné normalement, cela
pouvait perturber l’ambiance. La fatigue y était souvent pour quelque
chose.
Notons que nous avons reçu une visite surprise d’une délégation
de FONJEP, le 23 juillet 2008, à Akoumapé, contre toute attente ;
nous ne savions pas ce qu’ils pensaient de notre projet à ce moment
là. Toujours est-il que nous en étions déjà
à une étape assez avancée du projet.
Ce jour-là un jeune français prénommé Julien,
nous a rejoints à Akoumapé, après une semaine, à
la suite d’une visite que nous avions effectuée dans une association
togolaise dans une banlieue de la capitale. Julien nous a expliqué
qu’il s’ennuyait dans son association. Il avait prévu de passer seulement
quelques jours avec nous, mais il a fini par s’installer chez nous. Il nous
a fallu gérer cette situation avec beaucoup de diplomatie pour ne
pas nos mettre à dos l’association togolaise. La présence
de Julien a tout de même contribué à apporter au groupe une
ambiance sympathique.
Après une semaine à Akoumapé, notre chère Noémie
LAURENS est tombée malade du paludisme ; on a eu peur, vraiment
peur. Heureusement l’infirmier du dispensaire d’Akoumapé l’a aidée
à vaincre le mal. Il y a eu des vomissements, des coups de cafard.
Vu comment nous étions piqués par les moustiques, on se demandait
à qui serait le prochain tour.
LES DISPOSITIONS
PRISES
Pour que notre action
à Akoumapé perdure, nous avons mis en place un certain nombre
de garde-fous. :
– Deux bibliothécaires gèrent actuellement la
bibliothèque, ils ont la soixantaine, instituteurs à la retraite,
et ouvrent la bibliothèque au public trois fois par semaine. Ils
seront assistés par la DLP, Direction de la Lecture Publique, une
structure de l’Alliance Française qui aide les petites bibliothèques
rurales ; nous avons signé un contrat avec cette structure qui
formera périodiquement les bibliothécaires.
– Il est prévu des cartes de lecteur que chaque personne
voulant emprunter des livres, doit posséder, contre une modique somme.
– La lecture, la consultation des ouvrages sur place est gratuite,
Le Comité de village veillera à ce qu’il n’y ait pas de vacance
de poste
Nous avons beaucoup travaillé avec les chefs d’établissement
scolaire, notamment le Directeur de Collège Public, qui nous a promis
un travail pédagogique auprès de ses élèves
pour les inviter à se servir de la bibliothèque et à
en prendre grand soin.
RETOUR EN FRANCE
Depuis notre retour
en France, nous avons déjà fait deux réunions pour
préparer une exposition photo à la bibliothèque de
l’Université-Paris8 en janvier, nous comptons envoyer régulièrement
des livres à Akoumapé chaque fois qu’il y a un départ
d’amis pour Lomé et nous restons disponibles pour participer aux
manifestations culturelles, organisées par nos partenaires.
Le CIVD fête ses 25 ans en 2009. A cet effet, un festival s’organise
en mai 2009, festival au cours duquel notre projet à Akoumapé
prendra une part importante. Vu la relation particulière établie
avec ce village nous prévoyons un nouveau voyage à Akoumapé
en juin prochain avec des livres et surtout des ordinateurs pour faire de
l’initiation informatique dans les collèges et le lycée, et
bien entendu, mener des activités autour du livre.
L’expérience
humaine et interculturelle, la rencontre avec un village lointain, nous
ont mis en situation de prendre conscience de certaines réalités
que nous ignorions et de créer des liens indélébiles
avec des membres de la communauté villageoise.
Paris
le 12 octobre 2008,
Olivier AKAKPO GUETOU