- Comité Tchétchénie
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La France renvoie un militant des droits de l'homme
Tchétchène vers la Russie
Paris - le 9 novembre 2012
Monsieur Aslan D., originaire de Tchétchénie et ancien militant
d'une ONG de défense des droits de l'homme, a été renvoyé
le 7 novembre par les autorités françaises sous escorte à
Moscou.
Daprès les dires de Monsieur D. il était impossible de
résister à la détermination des membres des forces de
lOrdre chargés de laccompagner jusquà Moscou.
Sur place, des proches dépêchés en catastrophe ont du
insister et faire intervenir une connaissance dune connaissance - un
policier gradé- pour pouvoir le « récupérer ».Aslan
D. est actuellement en lieu sûr, en attendant que les risques quil
encourt puissent être déterminés. Des ONG russes de défense
des droits de lHomme ont été prévenues.
Monsieur D. a travaillé pour une association de défense des
Droits de lHomme, ce qui dans le contexte de la Tchétchénie
constitue un risque que de nombreuses personnes ont payé de leur vie.
Cest cet engagement qui a valu à Monsieur D. dêtre
arrêté et brutalisé, puis de partir pour chercher refuge
en Europe
Lexpulsion dun militant des droits de lhomme Tchétchène
vers la Fédération de Russie constitue un signe politique fort,
nous amenant à nous interroger avec beaucoup dinquiétudes
sur l'importance que le gouvernement français accorde à la situation
des Droits de lHomme en Russie.
Il y a un mois, le Comité Tchétchénie sétait
déjà mobilisé pour empêcher le renvoi dun
tchétchène débouté du droit dasile vers
la Fédération de Russie. Si ce renvoi a pu être évité,
la situation administrative de cette personne reste au point mort.
Le renvoi de Monsieur D. ne sembledonc plus appartenir à lexception,
comme c'était le cas sous lancien gouvernement. Est-ce là
un effet de lapplication des accords de réadmission entre lUnion
Européenne et la Russie? La Fédération de Russie doit-elle
désormais être considérée comme un «pays
sûr» pour les demandeurs dasile tchétchènes
?
Les chercheurs spécialistes de larégion[1][1] continuent pourtant
de qualifier le territoire tchétchène de zone de « non
droit », où la violence, les disparitions, la torture, font partie
du quotidien. Des rapports complets et détaillés continuent
dêtre publiés par les organismes de défense des
droits de lhomme, faisant état de la pratique généralisée
de la torture dans les lieux de détention.
En Russie, le Président Vladimir Poutine durcit les lois de la fédération
relatives aux ONG[1][2], aux manifestations, à la liberté dexpression
sur Internet[1][3], à « la haute trahison »[2][4]. Le pays
fait actuellement lobjet dun examen par le Comité contre
la Torture de lONU à Genève[3][5]. Enfin, un communiqué
du Quai dOrsay rappelait récemment[4][6] le soutien apporté
par la France aux défenseurs des droits de lHomme en Russie
tout en soulignant les dangers quils encourent.
Les demandeurs dasile tchétchènes continuent, nombreux,
à fuir la Tchétchénie et les autres régions de
Russie. Certains fuient les pays européens comme la Pologne où
ils ne sont pas ensécurité. En Europe, leur demande dasile
ressemble à un véritable parcours du combattant la demande
dAslan D. aura duré 4 ans - avec à la clef un examen de
moins en moins bienveillant. Ce temps dattente est dautant plus
usant lorsquil se vit dans une précarité extrême.
Aujourdhui, lévocation du conflit russo-tchétchène
dérange. Cette guerre a été dune violence, dune
cruauté, dune barbarie rares, mais nest plus aujourdhui
appréhendée par les gouvernants français et européens
quà travers le prisme trompeur dune "opération
antiterroriste".
Dans ce contexte, lexpulsion dAslan D. est un échec et
une honte.
Nous appelons les autorités françaises à réviser
immédiatement cette politique et réexaminer de manière
impartiale les dossiers de demandes dasile des tchétchènes
déboutés.
Pascale CHAUDOT, Présidente du Comité Tchétchénie
pascale.chaudot@orange.fr
Association Comité Tchétchénie
21, ter rue Voltaire, 75011 Paris
06.14.02.74.52
[1][1] Anne LE HUEROU (Chercheur associée auCERCEC,
Sociologue spécialiste de la Fédération de Russie et
de la Tchétchénie), Aude MERLIN (Maître de conférence
en Science politique spécialiste du Caucase du Nord), Amandine
REGAMEY, (Maître de conférences à lUniversité
de Paris I Panthéon-Sorbonne) pour ne citer quelles
[1][2] Texte adopté par la Douma le 13 juillet 2012
[2][3] Texte adopté par la Douma le 1er novembre 2012
[3][4] Texte adopté par la Douma le 31 octobre 2012
[4][5] « Russian NGO Shadow Report on the Observance of the Convention
against Torture and Other Cruel, Inhuman or Degrading Treatment or Punishment
by the Russian Federation for the period from 2006 to 2012 » Rapport
examiné du 8 au 12 novembre 2012 (Disponible en anglais et en russe
sur le site de Memorial
[5][6] 22 octobre 2012